Il y a quinze jours, nous nous penchions sur les missions de l’expert en tableaux, meubles et objets d’art anciens, son rôle en ventes aux enchères et les garanties qu’il offre.
L’actualité récente des ventes aux enchères nous offre un exemple des plus intéressants, du rôle de l’expert, dans lequel un commissaire-priseur n’a pas souhaité faire appel à un expert pour vendre un tableau issu d’une succession.
Intéressons nous à cette affaire qui après avoir fait les gros titres de la presse spécialisée devrait trouver son dénouement devant les tribunaux.
Le coupable, une huile sur toile de petites dimensions représentant une chouette sur un arbre nu dans un ciel nuageux éclairé par la lune, dans un cadre en bois sculpté et doré. Le tableau et le cadre sont datés par le commissaire-priseur du milieu du XIXème siècle et le tout est estimé 80 à 100 euros.
La vente aux enchères faisant suite à successions et à divers, selon l’expression consacrée par les catalogues de vente et la Gazette de Drouot, se déroule le 10 février 2010 à Cannes.
Aux alentours de 16 heures, notre tableau est présenté au feu des enchères qui après un quart d’heure d’une féroce bataille d’enchérisseurs est finalement adjugé pour la somme extraordinaire de 350 000 euros laissant la salle et semble t-il le commissaire-priseur dans l’expectative.
Qui est donc l’artiste ayant peint ce tableau ?
Une enchère aussi importante ne peut s’expliquer que pour une œuvre d’un peintre majeur, en l’occurrence Caspar David Friedrich (1774-1840) qui est un des principaux maitres de la peinture romantique allemande du XIXème siècle.
En outre, il s’avère que notre tableau ait une provenance prestigieuse, les collections de David d’Angers (1788-1856) qui est un important sculpteur français.
En effet, si l’on se réfère aux carnets de voyage de notre sculpteur, il mentionne en 1834 une visite à Friedrich à Dresde d’où il repart avec une toile de l’artiste décrite comme « un délicieux tableau représentant un arbre sans feuilles, une chouette sur une branche, et la lune qui joue derrière les branches, pas de terrain ».
Au regard de cette description contemporaine au tableau, le doute n’est plus permis, le petit tableau de Cannes est de la main de Friedrich.
Les conséquences de l’erreur du commissaire-priseur.
Il semble que les vendeurs aient demandé l’annulation de la vente pour erreur sur la substance. La jurisprudence dans ce type d’affaire donne généralement raison aux vendeurs (deux affaires Poussin ayant défrayées la chronique en leur temps) contre le professionnel pourtant « inventeur » de l’œuvre.
Il faut souligner que seule loi française protège autant le vendeur que l’acheteur de l’erreur du professionnel de l’art.
Il est probable que si le commissaire-priseur avait pris la précaution de montrer ce tableau à un expert spécialisé, l’erreur aurait pu être évitée. Il apparaît donc comme essentiel pour l’acheteur comme pour le vendeur de passer par les services d’un cabinet d’expertise en œuvre d’art pour acheter ou vendre un bien aux enchères en toute tranquillité.
Cédric Henon
Expert en meubles et objets d’art des XVII, XVIII et XIXème siècles.
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Illustration principale : © interenchères