Les ventes aux enchères de janvier, des deux cotés de la Manche, sont généralement marquées par un certain calme, les lots importants ou considérés comme tels ayant été présentés lors des ventes de prestige du mois de décembre.
Deux objets récemment présentés au feu des enchères à Londres et à Donnington Priory retiennent cependant notre attention tant pour le nombre d’enchérisseurs que pour les prix obtenus en l’état du marché et au regard de leurs estimations.
Un plat en Worcester
La première pièce est un plat de service ovale en porcelaine mesurant 43 centimètres de long. Il porte en son centre les armes royales du Royaume Uni sur un fond blanc qu’entoure une riche guirlande d’or. Le marli est bleu cobalt rehaussé de guirlande de feuilles de laurier et de gland de chênes portant en leur centre alternativement le chiffre royal couronné et un bouquet de fleurs nationales noué.
Ce plat fait parti d’un service à petit déjeuner commandé en 1805 par le roi Georges III à la célèbre manufacture de porcelaine anglaise de Worcester Flight Barr and Barr. Ce service comptait à l’origine 33 pièces qui sont aujourd’hui encore pour l’essentiel conservées à Buckingham Palace.
Plat en porcelaine de Worcester faisant partie d’un service commandé par Georges III.
Si certaines pièces endommagées de ce service ont pu quitter les collections royal, l’historique de ce plat reste mystérieux en particulier au regard de son état de conservation, aussi frais que s’il sortait de la manufacture.
Découvert par l’ « auctionneer » dans une résidence de la banlieue londonienne, il fut prudemment estimé £800 à £1200 et passa en vente le 5 janvier. Le plat fut disputé au téléphone par six enchérisseurs et fut adjugé £4600 auxquels il convient d’ajouter 20% de frais d’acheteur.
Cette première histoire nous permet de voir que même dans une petite salle, dans notre cas Chiswick à l’ouest de Londres, les objets de qualité, frais sur le marché, peuvent atteindre leur juste valeur. Une fois encore le rôle de l’expert est essentiel dans l’identification des objets et œuvres d’art.
Une paire de vases en albâtre
Le 13 janvier, Dreweatts Neate vendait une paire d’urnes en alabastre sculptées de scènes tirées de l’Odyssée d’Homère, l’histoire de Circé pour l’une et celle d’Eurydice pour la seconde.
Les vases de forme balustre reposaient sur un piédouche cannelé. Le corps des urnes portait respectivement les inscriptions suivantes : «ULISSE ULISSE RICUSA LA BEVANDA OFFERTAGLI DA CIRCE ', et' RECONOSCIUTO Dalla sua BALIA euridea » et comportait deux poignées à enroulement et masques féminins, le couvercle était sommé d’une grenade.
Paire d’urnes en albâtre datant de la fin du XIXème siècle.
Mesurant 123 centimètres et au regard de leur état de conservation, de nombreux manques et restaurations maladroites anciennes sont visibles sur la photo, notre paire de vases était estimée £7 000 à £10 000 et datée de la fin du XIXème siècle.
Ces vases furent très certainement rapportés d’Italie à la fin du XIXème siècle époque à laquelle tout jeune homme devait faire son « Grand Tour » d’Europe et plus particulièrement d’Italie dont il revenait avec une collection de sculptures dite antique plus ou moins ancienne. Les faux étaient nombreux à cette époque et l’expertise en était à ses premiers balbutiements.
Nos vases furent le clou de la vacation et le lot 20 fut adjugé £54 000 à un marchand anglais, les sous enchérisseurs représentant de grands antiquaires des différentes capitales européennes.
Si la provenance royale ne peut être évoquée dans ce cas, soulignons les dimensions exceptionnelles de cette paire de vases d’albâtre ainsi que la qualité de leur décor sculpté. Ils sont particulièrement décoratifs et monumentaux et seul leur état de conservation fut un frein à l’envolée des enchères l’albâtre étant particulièrement difficile à restaurer.
Conclusion
Au regard de ces deux résultats, on peut penser qu’il n’y a pas de crise dans le marché de l’art. Il semble nécessaire pour répondre à ce point de retourner la question. Ce n’est pas le nombre d’acheteur qui semble faire défaut dans les ventes aux enchères mais davantage les vendeurs et les pièces de qualité qui se font plus rares.
De nombreux collectionneurs et amateurs sont actifs sur le marché, à la recherche de meubles et d’objets de qualité, et estimés raisonnablement. Lorsque ces deux éléments sont réunis les enchères peuvent atteindre des sommets.
Cédric Henon
Expert en meubles et objets d'art
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