C’est entre 1830 et 1870 que le paysage français connait sa révolution. S’émancipant des modèles académiques, des peintres se regroupent dans le village de Barbizon pour aller peindre « directement sur le motif ».
Ces artistes ont renouvelé l’art du paysage en y exprimant leur état d’âme. Ils sont aujourd’hui considérés comme les précurseurs de l’Impressionnisme.
Diversité du site de Barbizon :
A l’époque, Barbizon est un petit hameau. Sa qualité, tient à la diversité de ses paysages. Situé à l’orée de la forêt de Fontainebleau et des plaines de Chailly en Bière, le peintre a le choix du sujet : arbres séculaires, mares légendaires, rochers de Franchard, plaines cultivées, paysans au travail…
Une auberge créée en 1822 par le couple Ganne, encore célèbre aujourd’hui sous le nom d’Auberge Ganne, leur permet de s’y ravitailler en épicerie et tabac, d’y gouter les produits de la ferme ou d’y dormir pour partir au matin l’esprit libre.
Réalisme et réalité sociale :
Le paysage a longtemps été considéré comme un sujet secondaire dans l’histoire de l’art français.
Le Salon, où règne l’art officiel et classique, tolère le paysage historique et de composition mais n’envisage pas de montrer un paysage seul.
En luttant contre cet académisme bourgeois, les peintres de l’école de Barbizon ont réconcilié l’homme et la nature.
La Révolution de 1848 et le renversement de Louis Philippe permet à leur révolution de s’exprimer pleinement.
L’originalité de l’école de Barbizon :
Les paysagistes de l’école de Barbizon ont choisis d’exprimer leurs émotions intimes.
« En observant avec toute la religion de son cœur » (Théodore Rousseau), l’artiste exprime son état d’âme.
Ils apprécient plus particulièrement la diversité des matières naturelles, végétales et minérales, les variations de la nature aux différentes heures de la journée, les variations atmosphériques et le scintillement de la lumière.
Pour s’exprimer, leur technique n’a cessé d’évoluer. Avec eux la touche se libère, les couleurs vives se juxtaposent et vibrent comme l’artiste dans le paysage.
Les influences de l’école de Barbizon :
Les peintres de l’Ecole de Barbizon ont en commun deux grandes influences.
La première est l’influence des paysagistes hollandais du XVIIème siècle.
La seconde est celle de l’école romantique anglaise. Au Salon de 1824, la participation de peintres anglais comme Bonington, Constable, Copley Fielding, Lawrence et Thales marque toute une génération de peintres français.
John Constable marque notamment les romantiques Géricault et Delacroix pour la juxtaposition de ses teintes pures et la vibration de ses couleurs.
Les fondateurs de l’école de Barbizon :
Les fondateurs et artistes les plus représentatifs de l’école sont : Rousseau, Millet, Daubigny, Troyon, Diaz, et Dupré.
Ces paysagistes ont en commun de s’être nourris de leurs voyages en France : Normandie, Auvergne, Berry, Jura, Landes, Vallées de la Seine et de l’Oise.
C’est à Barbizon qu’ils se réunissent entre amis autour de celui que l’on considère comme leur chef de file : Théodore Rousseau (1812 -1867).
Théodore Rousseau (1812-1867)
C’est le chef d’école, l’exemple. Ami de Millet et de Dupré, il est surnommé « le grand refusé ».
C’est à partir des années 1850 que son travail commence à être considéré par la critique. Il triomphe à l’exposition universelle en 1855.
Il est le premier à lutter contre l’académisme en envisageant la peinture sous un angle métaphysique.
Séduit par les fluctuations de l’atmosphère et le rythme des saisons, il s’exprime en juxtaposant des couleurs vives qui marqueront les futurs impressionnistes Monet et Sisley.
Illustration : Théodore Rousseau (1812 – 1867), Le petit pêcheur, Huile sur toile, c.1848-1849, Hauteur : 20,6 cm., Largeur : 30,5 cm., Paris, Musée d’Orsay.
Jean-François Millet (1814 -1875)
Jean- François Millet, peintre d’origine paysanne est l’un des chefs de file de l’école.
Il est le peintre de la condition sociale paysanne et représente vanneur, semeur, bucheron, et glaneuses sous la charge du labeur.
La monumentalité de ses figures est alors très critiquée.
A partir des années 1860, il se consacre au paysage et travaille notamment au pastel.
C’est à ce moment qu’il commence à devenir célèbre.
Illustration : Jean-François Millet (1814 -1875), Les Botteleurs de foin, Huile sur toile, Hauteur : 54 cm., Largeur : 65 cm., Paris, Musée du Louvre.
Charles-François Daubigny (1817-1878)
Charles-François Daubigny se consacre tout d’abord à la gravure.
C’est à partir de 1843 qu’il décide de peindre directement sur le motif et accompagne notamment Camille Corot en 1852.
Spécialisé dans la représentation de l'eau et des ses surfaces : étangs, rives de la Seine et de l’Oise, cotes de la Manche, il aime saisir l’instant et son jeu de lumières.
Il est aujourd’hui considéré comme l’un des liens majeurs avec les artistes de la génération suivante, les impressionnistes Monet et Cézanne.
Illustration : Charles-François Daubigny (1817-1878), Le Printemps, Huile sur toile, Hauteur : 96 cm, Largeur : 193 cm Chartres, Musée des Beaux-arts.
Constant Troyon (1810-1865)
Constant Troyon est un paysagiste ami de Diaz, Rousseau et Dupré.
Suite à un voyage en Hollande, il décide de se spécialiser en 1847 dans la peinture animalière.
Ses peintures à sujet de vaches sont populaires .L’artiste aura nombre d’imitateurs dont Rosa Bonheur.
Il réalise des marines aux côtés de Boudin dans les années 1860 et conseille à Monet de travailler en plein-air.
: Constant Troyon (1810-1865), Huile sur bois, Scène champêtre, Hauteur : 56, Largueur : 71 cm, Hongrie, Budapest, Musée des Beaux-arts.
Narcisse Diaz de la Pena (1807-1876)
Narcisse Diaz rencontre Rousseau en 1836.
Cet artiste apprécie plus spécialement le scintillement de la lumière et se spécialise dans la représentation de scènes orientales ou mythologiques.
En tant que paysagiste, il fait de la forêt de Fontainebleau, le thème principal de son œuvre.
Illustration : Narcisse Diaz de la Pena (1807-1876), Huile sur toile, Paysage, Hauteur : 32,2 cm, Largeur : 43,5 cm, Paris, musée d’Orsay.
Jules Dupré (1811-1889)
Jules Dupré travaille étroitement avec Rousseau dont il est l’ami intime et défenseur.
Influencé par Constable, sa touche est emportée.
Il n’exerce qu’épisodiquement à Barbizon et peint principalement dans le Berry et le Limousin où il participe à l’école de Crozant.
Illustration : Jules Dupré (1811-1889), Huile sur toile, Au bord d’étang, Hauteur : 54 cm, Largeur : 73,5cm, Allemagne, Hambourg, Kunsthalle.
Les collectionneurs américains sont les premiers à comprendre l’importance de la révolution artistique menée par ce groupe de peintres. Le musée des Beaux-arts de Boston conserve notamment la plus importante collection d’œuvres de Théodore Rousseau.
Les œuvres des peintres de l’école de Barbizon sont aujourd’hui encore fortement sous cotées par rapport à celles de la génération suivante.
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Illustration générale : Théodore Rousseau (1812 – 1867), Le Matin, Huile sur bois, Hauteur : 42 cm., Largeur : 64,5 cm., Paris, Musée d’Orsay, Donation Mollard, 1961.