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Actualités

Coup d'oeil sur un dessin de Giovanni Guerra


Rubrique Tableaux et dessins, Expertise et estimation

Dans le cadre du "Mois du dessin" à Paris, la galerie Tarantino présente "Peindre à Rome : tableaux et dessins des XVIIe et XVIIIe siècles". Parmi les oeuvres exposée, un rare dessin de Giovanni Guerra sert d'introduction au parcours chronologique. L'oeil de notre expert analyse cette feuille publiée pour la première fois dans le cadre de cette exposition, ouverte jusqu'au 21 avril 2011.

 




Cabinet expert dessins anciens


Giovanni GUERRA

(Modène, 1544 – Rome, 1618)

Assomption
Plume et lavis d’encre brune
301 x 148 mm. cintré en haut
Provenance : coll. part.
Bibliographie : inédit
 

La carrière de Giovanni Guerra, né à Modène, en 1544, n'est documentée qu'à partir de son arrivée à Rome, en 1562. Aucun indice dans les Vite dei modenesi illustri (vers 1618) de Francesco Forciroli, son premier biographe, ne nous renseigne sur la formation du peintre, aussi illustrateur et architecte.

Son style, en revanche, fondé sur de puissants clairs-obscurs, témoigne de sa culture émilienne forgée aux contacts des œuvres de Lelio Orsi (Novellara, c.1508/11 -
id. 1587), ou de celles de ses disciples Marcantonio del Forno ou Domenico da Modena1. Ce dernier, participe, après 1574, au chantier décoratif de la basilique Santa Maria degli Angeli, à Rome. L'édifice conserve encore deux tableaux du maître dont une Adoration de l'Enfant Jésus par les sept anges2 (fig. 1) qui pourrait avoir influencé l'auteur de notre Assomption. Une filiation confortée par l'activité des plus proches collaborateurs de Giovanni Guerra au décor de la basilique: Girolamo Muziano (Brescia, vers 1532 – Rome, 1592) et Cesare Nebbia (Orvieto, vers 1536 – id., 1614). Ces derniers ont travaillé avec Guerra aux peintures de la chapelle grégorienne, à Saint-Pierre-de-Rome, de 1579 à 1583, avant de voir leurs œuvres3, de nouveau réunies, à Santa Maria degli Angeli.

Assurance collection dessins - Inventaire préalable


Figure 1. Domenico da Modena.
Adoration de l'Enfant Jésus par les sept anges. Roma. Santa Maria degli Angeli.


La présence de Guerra n'y est pas attestée par les documents d'archives, mais il est tentant de voir dans notre
Assomption, le projet d'une œuvre répondant idéalement au programme iconographique développé dans une église récemment consacrée à la Vierge Marie et aux sept anges. Pour celle de Rome, ou encore celle de Modène, dont Guerra fournit les plans en 1596, le peintre-architecte aurait souligné l'importance des archanges du premier plan, en les isolant du chœur des anges qui accompagnent traditionnellement la Vierge au ciel, pour répondre au lieu et au choix précis de ses commanditaires.

 

Le format étroit et allongé de la composition indique une étude pour un tableau d'autel. Trois légers traits de plume parallèles, situés dans la moitié supérieure de la feuille, suggèrent la concavité d'une niche. Ce schéma pourrait être aussi celui appliqué à une peinture murale, logée dans un emplacement illusionniste. Giovanni Guerra maîtrisait la peinture a fresco, technique qu'il utilisa sur son premier chantier, documenté à Rome pour le décor du palais Censi, vers 1583.

 

La composition, étagée en trois registres, est unifiée par le jeu des gestes et des regards. Ce même jeu dessine la structure dynamique du tableau qui emprunte le circuit serpentin et ascensionnel utilisé par Ludovic Carrache (Bologne, 1555 – id., 1619) dans sa Madone de saint Luc, datée de 1592 (Paris, musée du Louvre). Ce procédé visuel permet au spectateur d'appréhender d'un coup d'œil la totalité de la composition. Son regard emprunte symboliquement le chemin qui conduit la Vierge au Paradis où l'attend le Seigneur. Giovanni Guerra, en suivant la voie de la peinture éloquente dictée par les Carrache, s'inscrit pleinement dans l'élan artistique de la Contre-Réforme, initié par le Concile de Trente (1545-1563).

 

Cette adhésion au courant de la modernité se conjugue aux anciennes formules maniéristes : rideaux de figures, silhouettes graciles et allongées, trait de plume linéaire, ici, noyé dans le lavis brun, à l'origine de violents contrastes d'ombre et de lumière qui caractérisent la production graphique de Giovanni Guerra. Celle-ci, relativement abondante dans le domaine de l'illustration, est, en revanche, très lacunaire dans le genre de la peinture monumentale et religieuse. Une situation paradoxale, alors que Giovanni Guerra, secondé par de nombreux assistants, fut l'inventeur de multiples projets décoratifs commandés par les papes Sixte Quint (1585-1590) et Clément XIII (1592-1605) pour rénover et embellir la Ville Éternelle.

Nous remercions vivement Stefano Pierguidi qui a bien voulu confirmer l’attribution à Guerra.

 


Bertrand Dumas
Expert en tableaux et dessins anciens, Bertrand collabore avec notre cabinet dans nos missions d'expertise et d'assurance destinées aux particuliers et professionnels du marché de l'art.

 

Notes :

1- Sur la formation du peintre à Modène dans le giron de Marcantonio del Forno et de Domenico da Modena, voir Claudio Strinati, Un'ipotesi sulla formazione di Giovanni Guerra, in Jadranka Bentini, Lelio Orsi e la cultura del suo tempo, atti del convegno internazionale di studi, Reggio Emilia, Novellara, 25 – 29 janvier, 1988, Bologne, Nuova Alfa Editoriale, c. 1990, pp. 151-153.

2- Tableau dans la chapelle Saint-Sauveur, en face d'une Incarnation de Jésus. Reproduit dans Strinati, 1988 (c.1990), p. 159, fig.1.

3- Girolamo Muziano, Le sermon de saint Jérôme, avant 1592, baptistère, et Cesare Nebbia, Noli me tangere, après 1579, chapelle Sainte-Madeleine, Santa Maria degli Angeli e Martiri, Rome.


Pour en savoir plus :