La France possédait autrefois de nombreuses faïenceries reconnues dans toute l’Europe telles que Nevers, Strasbourg, Moustier ou Marseille. Mais la plus ancienne d’entre elles reste Rouen, vitrine de l’art de vivre français de la Renaissance au milieu du XIXe siècle.
Rouen, première manufacture de faïence française
C’est au XVIe siècle que les premières faïences françaises voient le jour avec Masséot Abaquesne. Cet artiste, rouennais d’origine se voit confié d’importantes commandes telles les pavements du Château d’Ecouen entre 1542 et 1559. Puis il produira environ 5000 pots d’apothicaire sur le modèle des albarello italiens pour Pierre Dubosc en 1545.
Rouen, grand feu, vers 1710, courtesy of Piasa
L’histoire de Rouen reste alors inconnue pendant un siècle, jusqu'à l’obtention d’un privilège du Conseil d’État pour fabriquer de la faïence en 1644. L’exploitation est confiée à Poterat qui en devient le propriétaire. C’est alors le début d’une grande prospérité pour le centre faïencier qui comptera 18 manufactures à son apogée et emploiera plus 1200 ouvriers. Le dernier four s’éteindra en 1847.
Les productions de Rouen et leurs décors
La plupart des pièces de faïence produites à Rouen sont inspirées des formes de l’orfèvrerie.
Au début, les pièces sont décorées de lambrequins bleu et blanc qui deviennent une des signatures de la ville. Ces lambrequins sont réalisés grâce au bleu de cobalt, puis les pièces s’enrichiront de rouge de fer appliqué grâce à la technique du bol arménien.
Petit à petit les décors s’inspireront de l’Extrême-Orient très à la mode à la fin du XVIIe siècle. C’est alors que des personnages de chinois ou celle des branches du prunus apparaissent au milieu des lambrequins et des fins quadrillages rouges.
Rouen, banette à décor sur fond d'ocre niellé, courtesy of Piasa
Quelques pièces seront également décorées de lambrequins noirs sur fond d’ocre niellé, encadrant des putti en réserves. Ses pièces sont d’une grande rareté mais elles constituent surtout l’une des spécificités de la manufacture de Rouen.
A la fin du 18e siècle, le rouennais Levavasseur, maitrise la technique de petit feu qui permet une plus grande précision des décors et surtout une gamme de couleurs beaucoup plus étendue. C’est alors que le rose (constitué de pourpre de Cassius) apparait dans des décors de marchands levantins, ou de cornes d’abondances entremêlées à des fleurs qui deviennent typiques de Rouen au XVIIIe.
Collectionner la faïence de Rouen
Toutes les pièces rouennaises sont « accessibles » pour la plupart dans une tranche de prix comprise entre 500 et 3 000 €. Mais la cote d’une pièce dépend essentiellement de sa forme, de son décor et de sa qualité de conservation. Les aiguières en casque ainsi que les pièces de petit feu sont parmi les plus prisées . Les pièces les plus recherchées sont les assiettes ou les bannettes décorées à l’ocre niellé. En 2010, Piasa a notamment vendu l’une d’entre-elles 64 000 €, ce qui constitue l’une des meilleures adjudications pour une faïence de Rouen.
Bérénice CUGNIERE
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Illustration principale : courtesy of Christie's.