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A la fois dessinateur et aquarelliste de talent, ordonnateur des fêtes du futur Philippe-Égalité et inventeur de génie, sa renommée ne franchit guère le début du XIXe siècle parmi le grand public.

Pourtant les amateurs et collectionneurs, en commençant par le duc d’Aumale, ne s’y trompent pas et recherchent ses dessins tant à Drouot qu’en province, à Londres ou à New-York.

Découvrons Louis de Carmontelle et son œuvre.

Ses débuts

Louis de Carmontelle ou Carmontelle de son vrai nom Louis Carrogis nait à Paris en 1717 d’un père cordonnier. Après des études de dessins et de géométrie, il devient ingénieur à l’âge de 23 ans. Il entre alors au service du duc de Luynes au château de Dampierre en tant que précepteur de dessins et de mathématiques des enfants du duc.

En 1758, il entre avec le titre d’ingénieur topographe au service du Comte Pons de Saint Maurice alors gouverneur du duc de Chartres, titre du fils ainé du duc d’Orléans, commandant du régiment des Dragons d’Orléans.

La gloire

En 1763, après avoir participé à la guerre de Sept Ans en tant que topographe, il entre au service du duc d’Orléans avec le titre de lecteur.

Ce rôle peut être décrit ainsi : « Cette place de lecteur était subalterne, puisqu'elle ne donnait pas le droit de manger avec les princes, même à la campagne. Ainsi que le docteur Tronchin, M. Carmontelle jouissait de la distinction de venir tous les soirs prendre des glaces avec le Prince et les personnes de la cour. »

- Les proverbes : Afin de remplir pleinement son rôle d’ordonnateur des fêtes et divertissements du duc, Carmontelle écrit de petites pièces de théâtre auxquelles est donné le nom de proverbes. Il s’agit de petites comédies légères dans lesquelles les membres de la suite du duc étaient invités à improviser et à jouer un rôle.

-Les transparents : toujours pour divertir les courtisans du duc, Carmontelle met au point une sorte de lanterne magique. Les transparents sont des paysages peints sur toiles cousues les une aux autres que l’on faisait défiler derrière la scène en même temps que se jouaient les proverbes en les éclairant par derrière. Cela formait ainsi l’illusion d'un déplacement.

En associant les proverbes aux transparents, Carmontelle avait inventé le cinéma avant l’heure mais ni Napoléon Ier ni le tsar de Russie ne furent intéressés et ne lui rachetèrent son extraordinaire invention.

Louis Carrogis dit Carmontelle Mr. O'Flanagan, mine de plomb, craie blanche et aquarelle. ©Christie’s

Carmontelle aquarelliste

Parallèlement à ses activités pour le prince, Carmontelle met à profit ses talents de dessinateurs et exécute environ 750 portraits d’habitués de la Cour ou de personnages exceptionnels. Ainsi, on connaît deux versions de Mozart enfant à Versailles.

L’ensemble de ses feuilles se distinguent par un personnage de profil généralement en pied exécutées en deux heures de temps. Ses portraits sont réalisés au crayon et à l’aquarelle parfois rehaussés de pastel ou de gouache. Il est important de souligner qu’outre le profil de la personne, Carmontelle en saisissait le caractère.

Il ne vendait pas ses portraits mais les offrait au modèle tout en prenant soin d’en garder un exemplaire. Le musée Condé à Chantilly en conserve 600 exemplaires, ils forment une merveilleuse galerie de portrait des principaux personnages de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Carmontelle paysagiste

En 1773, le nouveau duc d’Orléans, futur Philippe-Égalité, demande à Carmontelle de concevoir un parc d’agrément dans un terrain qu’il a acheté quelques années plus tôt : le parc Monceau.

Carmontelle imagine un jardin d’illusions dans lequel il fait voyager le promeneur à travers le monde en créant dix sept fabriques. Ainsi, pouvait-on voir des tentes tartares, un minaret, une pyramide d’Égypte ou un carrousel chinois.

Achevé en 1778, le parc fut plusieurs fois remanié depuis et il ne reste rien des créations de Carmontelle.

Loué par ses contemporains pour son génie d’inventeur et son talent de dessinateur, il est aujourd’hui peu connu du grand public.

Ses dessins passent régulièrement en salles des ventes et leur prix de vente dépend tout à la fois de la qualité de la feuille que de l’importance du personnage représenté. Il faut souligner le charme et la fraicheur qui se dégage de ses aquarelles.

Cédric Henon : expertise, inventaire, assurance.

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Illustration principale : Louis Carrogis dit Carmontelle, Portrait de Madame de La Grangette avec inscription 'Mme De La Grangette', sur le montage craie noire et rouge, aquarelle, rehaussé de blanc. ©Christie’s