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Le 14 juin dernier la SVV Art Valorem, assistée des experts du cabinet Authenticité, adjugeait une importante vitrine exécutée par Lexcellent vers 1900 au prix record de 38 000 euros.

Le lot 345 du catalogue de vente nous décrivait le meuble comme une vitrine montée en acajou et placage d’acajou mouluré et incrustations de bois clairs.

Avant de nous avancée plus loin dans la notice du catalogue il semble essentiel de définir la vitrine montée meuble dérivé du cabinet. La partie haute du meuble ouvre par un ou plusieurs vantaux foncés de glaces et repose sur un piétement. Ce type de meuble apparaît dans la seconde moitié du XIXe siècle et se rencontre rarement.

Notre vitrine ouvre par trois vantaux vitrés et trois tiroirs en partie basse et repose sur un piétement ouvrant en ceinture par trois tiroirs.

Il faut souligner l’harmonie de la façade de notre meuble qui est rythmée par des colonnes partiellement cannelées. En partie haute il présente une corniche cintrée et chaque colonne est surmontée d’un pinacle feuillagé.

Intéressons nous maintenant au très beau piétement supportant notre vitrine. Épousant la forme d’une console, il repose sur huit pieds fuselés et cannelés réunis par une entretoise particulièrement élaborée qui peut être rapproché des créations de deux grands ébénistes de la fin de la période louis XVI, Adam Weisweiler et Ferdinand Schwerdfeger. Il semble d’ailleurs que ce dernier ait inspiré l’architecture et le dessin de notre meuble qui peut être rapproché du serre bijoux exécuté pour la reine Marie-Antoinette à Versailles que ce soit dans l’agencement du piétement ou dans la forme de la ceinture cintrée en son milieu.

La garniture de bronzes ciselés et dorés est particulièrement importante sur notre vitrine et lui confère sa somptuosité. Si en partie haute elle se compose essentiellement de moulures hormis les entrées de serrure en écoinçon, les asperges des colonnes et les guirlandes de pampres de vignes, il en est tout autrement en partie basse où la ceinture est ornée d’une très riche frise de rinceaux feuillagés ornés en son centre d’un masque d’Apollon rayonnant que l’on rencontre chez un autre grand ébéniste de la fin du XVIIIe siècle, Martin Carlin. L’entretoise elle-même porte en son centre une forte rosace feuillagée. Il faut souligner la qualité de la ciselure des bronzes comme souvent sur les œuvres exécutés à la fin du XIXe siècle.

Tournons nous maintenant vers l’auteur de ce somptueux meuble. Il porte au dos la marque au pochoir LEXCELLENT / 12 rue BREGUET / PARIS. Installé en 1868 rue Bréguet, Guillaume-Edmond E Lexcellent est un fabricant et marchand de meubles, médaillé d'argent à l'exposition universelle de 1889, et d'or à celle de 1900. Il s’inspira fortement des œuvres des grands ébénistes de la période Louis XVI en particulier Riesener et Weisweiler comme en témoigne notre vitrine montée.

Les spécialistes des grands fabricants de meubles de la fin du XIXe siècle ne s’y sont pas trompés, une enchère méritée pour un meuble de très grande qualité tant dans son dessin que dans son exécution et particulièrement somptueux. Il fut certainement l’objet d’une commande particulière lors de sa création.

Dans la même vente soulignons également les 6 000 euros pour une autre vitrine également vers 1900  attribuée à la maison Linke.

Les principaux résultats de cette vente aux enchères feront l’objet d’un article ultérieurement.

Cédric Henon, expert en meubles anciens et objets d'art

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