Le 28 juin, Bonhams Londres organisait une vente aux enchères de pendules, horloges, cartels et régulateurs de grande qualité. Le lot 81 a retenu notre attention. Il s’agit d’une importante pendule française datant de la période révolutionnaire par Francois-Joseph Hartmann comportant plusieurs cadrans vendue avec les frais pour la somme de £322 400 soit environ 400 000 euros.
Attardons nous sur cette pièce d’horlogerie qui intéressera autant les passionnés d’horlogerie que les amateurs d’art décoratif.
Notre pendule
Pendule à automates en bronze ciselé et doré, la partie centrale comprenant huit cadrans est surmontée d’une renommée. Les cadrans sont séparés par des chutes de fleurs et de fruits. Elle est flanquée de deux colonnes à jour de formes hélicoïdales surmontées d’un bulbe de même terminé d’une graine feuillagée.
La base de forme ovale présente une riche frise de feuilles de lotus stylisées en façade et de cannelures sur les cotés.
Elle repose sur des six petits pieds toupies.
Les huit cadrans comprennent :
-les calendriers Républicain et Grégorien complets y compris les saisons.
-les phases de la lune.
-l’heure du lever et du coucher du soleil.
-l’équation du temps.
-l’heure dans plusieurs capitale mondiale.
-les différents signes du zodiaque.
L’ensemble est signé Hartmann et les cadrans d’email Coteau.
Elle peut être datée vers 1800.
On soulignera qu’il est rare de trouver à cette époque des horloges donnant l’heure à plusieurs endroits du globe, 53 dans notre cas, tel que San Salvador, Québec, Mexico, Goa ou Moskou.
Cette pendule fait partie des collections d’une grande famille européenne depuis plus d’un siècle, elle a été conservée dans un placard pour éviter qu’il ne lui arrive un accident. On ne connaît pas la date à laquelle cette pendule fut acquise, vers 1801 ou au cours du XIXe siècle.
Francois-Joseph Hartmann
Peu de choses sont connues sur les débuts de notre horloger, Hartmann ou Hartemann. Les différentes œuvres qui nous sont parvenues laissent à penser qu’il débuta son activité à la fin du XVIIe à Paris. Durant le premier tiers du XIXe siècle, il est horloger mécanicien pour l’Observatoire et la Marine.
On connaît de lui plusieurs pendules à complications et à cadrans multiples ce qui permet de voir en lui un horloger de talent.
En octobre 1793, il louait un appartement et une boutique rue des Viarmes et en 1814 achetait l’hôtel d’Italie ainsi que son mobilier situé rue Saint Eustache pour la somme de 9 500 francs.
Notre horloger participa à la seconde exposition publique des produits de l’industrie française en 1801 qui se déroula « grande cour du Louvre ». Sa pendule est enregistrée parmi les œuvres exposées sous le 63e « portique », il y en avait 104. Il y présente une pendule à huit cadrans. Il reçu une mention honorable pour « une pendule a hit cadrans, d’un travail soigne. Elle marque le lever, le coucher du soleil, les phases de la lune, &c »
Au regard de ces éléments, il s’agit très certainement de notre horloge.
Joseph Coteau
Né à Genève en 1740, il devient maitre peintre-émailleur de l’Académie de Saint Luc de Genève en 1766 et s’installe à Paris quelques années plus tard. En 1772, il s’installe rue Poupée et y demeure jusqu'à la fin de sa vie le 4 pluviôse an IX (1801). Son nom est attaché à une technique d’émaux en relief qu’il met au point avec Parpette sur certaines pièces de porcelaine de Sèvres en particulier le service de toilette de la Tsarine Maria Feodorovna et qu’il utilise par la suite pour décorer des cadrans de pendules.
Il reste le plus connu et le plus célèbre des émailleurs de la fin du XVIIIe siècle et collabora avec la plupart des grands horlogers de cette époque. On retrouve fréquemment son nom peint au dos des cadrans émaillés des pendules et horloges à multiples cadrans ou à complications.
Une enchère remarquable et justifiée pour cette exceptionnelle pendule tant dans son modèle d’une très grande originalité aux bronzes finement ciselés et dorés et au mécanisme particulièrement soigné. Soulignons également que cette pendule était inconnue du marché puisqu’elle était conservée dans la même famille depuis plus d’un siècle.
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