L'histoire de ce récipient remonte au règne de Louis XIV. Curieux par sa forme, il fait penser à une saucière... Mais ne vous y trompez pas, le Bourdaloue est en réalité un pot de chambre, exclusivement réservé aux femmes.
Célèbre comme un pot de chambre
Son drôle de nom provient de celui de Louis Bourdaloue (1632-1704), considéré comme étant de l'un des pères jésuites les plus illustres du règne de Louis XIV. Surnommé de son vivant « le roi des prédicateurs et le prédicateur des rois », Bourdaloue est un excellent orateur qui passionna la Cour et le tout Paris avec ses sermons éclairés.
Pour ne pas perdre une miette de ses prêches, les femmes venaient à la messe avec un pot de chambre qu'elles plaçaient sous leurs robes à panier. C'est ainsi qu'il fut baptisé « Bourdaloue ».
Réservé aux femmes
Le Bourdaloue accompagne la femme dans son quotidien. Il est aussi utilisé à domicile, par la reine Marie-Amélie par exemple, qui en possédait un dans sa chambre à coucher. Il se révèle aussi très utile lors des déplacements.
Bourdaloue réalisé par le manufacture de Sèvres en 1831, fond nankin à dessin étrusque d'or, livré pour le service du Grand Trianon, mentionné en 1839 dans l'appartement de la princesse Clémentine, Copyright : Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.
Pour faciliter son utilisation, sa forme s'adapte parfaitement à la morphologie féminine : en ovale, haricot ou nacelle, il possède des bords rentrés vers l'intérieur pour éviter de blesser.
Le Bourdaloue connaît son âge d'or entre le règne de Louis XIV et celui du roi Louis Philippe. Presque toujours en faïence ou en porcelaine, l'un des plus anciens exemplaires conservés dans les collections publiques françaises est un modèle en porcelaine de Chine datant du dernier quart du XVIIe siècle.
Objet féminin par excellence, ce sont naturellement les fleurs qui triomphent dans son décor peint. Au XVIIIe siècle, des bourdaloues de très belle qualité au décor de fleurs au naturel sortent des ateliers de faïence de Strasbourg et de Marseille ainsi que des ateliers de porcelaine de Chantilly et de Sèvres.
Au début du XIXe siècle la fleur est toujours présente. Elle est souvent peinte à l'or dans des frises constituées de motifs étrusques sur un fond blanc ou de couleur.
Le rare modèle « coquille»
La plupart des bourdaloues se vendent aujourd'hui entre 200 € et 1000 € mais lorsqu'il s'agit d'un modèle rare à la fois dans sa forme mais aussi dans son décor les prix peuvent facilement s'envoler au delà des 20 000 €.
Les bourdaloues les plus recherchés possèdent une forme particulière qui fait penser à une coquille d'escargot. En 2006, l'un de ces rares modèles en colimaçon réalisé à Vincennes autour de 1752, a été vendu 25 000 € par la maison de ventes Coutau-Bégarie.
Coté décor, les bourdaloues les plus exceptionnels sont ceux où la fleur n'est plus le sujet principal. Lorsqu'un animal ou un insecte est représenté sur l'un d'eux, le prix peut être multiplié par deux.
Alors qu'il précha toute sa vie contre tous les excès comme le péché de gourmandise, le père Bourdaloue eut également une autre étonnante postérité. Son nom fut donné à une rue de Paris où exerçait autour de 1900 un patissier qui se rendit célèbre dans la réalisation d'un savoureux dessert à base de poires, connu aujourd'hui sous le nom de tarte Bourdaloue.
Laurent Hache
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Illustration principale : Courtesy of Christie's.