L’histoire de l’art s’est écrite sans José Maria Sert (1874-1945), rapidement tombé dans l’oubli après sa mort en 1945. Le soutien de l’artiste aux nationalistes et à Franco après la guerre civile espagnole (1936-1939) a certainement participé de cet évincement tout comme ses choix artistiques.
José Maria Sert est en effet l’héritier de la peinture classique et de la manière de peindre des XVIIe et XVIIIe siècles, bien loin des avant-gardes : lorsqu’il présente au Salon d’automne de 1907 ses esquisses pour le programme décoratif de la cathédrale de Vic (Catalogne), Picasso vient de terminer Les Demoiselles d’Avignon et Matisse de choquer la critique au Salon des Indépendants avec son Nu bleu. Mais là n’est pas l’ambition de Sert.
Tout pour la décoration murale
Il ne cherche pas à révolutionner la peinture, mais s’inscrit dans un « retour à l’ordre » esthétique et rêve des grandes fresques habillant les églises d’Assise, Rimini, Florence ou Pise. Pour lui, la décoration murale est bien supérieure à la peinture de chevalet.
Le public du Salon d’automne est séduit. Il perçoit là le renouvellement d’un genre porté la génération précédente par un Puvis-de-Chavannes et une réponse aux nouvelles attentes de la haute société parisienne. L’exposition du Petit Palais met l’accent sur ce point, s’affranchissant de la vision monolithique de l’histoire de l’art et de la dictature des avant-gardes pour ouvrir une fenêtre sur l’histoire du goût de ce XXe siècle naissant. Elle nous invite à pénétrer dans les hôtels particuliers et les espaces publics que Sert a magnifiés de ses panneaux monumentaux.
Entre commandes privées et commandes publiques
Né à Barcelone en 1874, Sert s’installe à Paris en 1899 où il intègre l’élite intellectuelle et économique, lui-même étant mécène et collectionneur. Ses proches sont Diaghilev, Chanel, Colette ou Picasso, qui partagent son intimité avec ses deux épouses : Misia et Roussy. Il ne travaille que pour les puissants (la reine d’Espagne et Alphonse XIII, la princesse Diane de Polignac, Maurice Wendel…) ou pour des commandes publiques (en Espagne ou pour la Société des Nations à Genève), et distingue ces deux univers plastiquement : les thèmes légers et festifs soutenus par des couleurs vives sont spécifiques aux commandes privées, là où les commandes publiques mettent en scène des thèmes d’envergure morale traités en grisaille. Toutes ses toiles sont mises en œuvre dans son atelier de la rue Barbey-de-Jouy (où il travaille avec 4 ou 5 assistants) et mises en espaces grâce à des maquettes que l’on retrouve dans l’exposition qui illustre sur tout le parcours la méthode de travaille originale de Sert.
La photographie comme méthode
Il a troqué ses carnets d’étude contre un appareil photo, qui lui permet de créer une iconothèque dans laquelle il puise sans fin pour agencer ses motifs que l’on retrouve au fil de ses compositions baroques : animaux, arbres, cascades, poses des modèles vivants et de santons (qui lui permettent d’envisager des positions plus complexes). Il finit par mettre directement au carreau les photographies afin de reproduire le sujet sur ses toiles. C’est à partir de la redécouverte de ces photographies dans les années 1980 par la galerie Michèle Chomette, qu’un vrai travail de recherche a été initié et s’est concrétisé par cette exposition. À découvrir sans faute !
Stéphanie Pioda
Historienne de l'art et journaliste, co-fondatrice du IAD (International Art Diary)
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Informations pratiques
« José Maria Sert, le titan à l’œuvre », jusqu’au 5 août 2012
Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
01 53 43 40 00
www.petitpalais.paris.fr
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturne le jeudi jusqu'à 20h. Fermé le lundi et les jours fériés.
Illustrations :
1-2 Les quatre saisons © Archivo fotográfico Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía Madrid.
3 Scènes de cirque © Patrimonio nacional - palacio de El Pardo Madrid.