Le samedi 07 décembre 2013, l’hôtel des ventes d’Alençon présentera aux enchères un Eyema Byeri fang de la première moitié du XXe siècle.
L’ethnie fang
Au nombre de 4 millions, les Fang - ils étaient appelés pahouins durant la période coloniale – sont subdivisés en de nombreux sous-groupes éparpillés au Cameroun, en Guinée Equatoriale et au Gabon. Leur art retint l’attention des artistes occidentaux au début du XXe siècle.
Qu’est-ce qu’un Eyema Byeri ?
Il s’agit d’une figure masculine et/ou féminine d’allure trapue ou longiligne. Ses jambes fléchies lui assurent une position assise ou semi-assise. Le visage présente un menton pointé en avant ainsi qu’une coiffure élaborée dont la complexité contraste avec la nudité de la statue. La gestuelle varie peu : les bras sont ramenés au niveau de l’abdomen ou serrés le long du buste tandis que les mains peuvent tenir une coupe, être jointes, posées sur le ventre ou les cuisses. Enfin, un ombilic saillant se détache de l’abdomen.
L’Eyema Byeri incarne l’ancêtre protecteur d’une lignée fang. Il était fixé à l’aide d’un pieu dans le couvercle d’une boîte en écorce appelée Nsekh Byeri, laquelle contenait les ossements – crânes, tibias et/ou fémurs - des défunts illustres du groupe. Les reliques et leur gardien sont l’essence même du Byeri, un culte des ancêtres apparu au XVIIIe-XIXe siècle.
Le recours aux défunts comportait des rituels divinatoires, sacrificatoires et libatoires à l’occasion d’événements tels qu’une naissance, un conflit, une maladie ou un décès. On consultait également les ancêtres pour assurer la fécondité des femmes, le succès dans une entreprise, provoquer la richesse, protéger des individus… A chaque cérémonie, l’Eyema Byeri était enduit d’huile de palme, comme en témoigne la patine noire et crouteuse visible ici. Parce qu’elles percevaient le Byeri comme une menace à l’établissement de leur pouvoir, les puissances coloniales détruisirent une majeure partie des reliques et figures de reliquaire. La pratique de ce culte disparut ainsi dans les années 1920.
Une sculpture inédite
Le 7 décembre prochain à 14 h, l’hôtel des ventes d’Alençon (33 rue Demées) présentera pour la première fois aux enchères un Eyema Byeri collecté au Gabon et propriété d’un notable bordelais. Estimée entre 12 000 et 15 000 €, la statue fit l’objet, en 2011, d’une étude scientifique réalisée par le Laboratoire d’Analyses et d’Expertises en archéologie et œuvres d’art (LAE) de Bordeaux. Cette étude a mis en évidence l’absence de traces d’outils modernes et une accumulation des patines sur un laps de temps de plusieurs années, selon trois phases: 1. Fabrication et culte; 2. Enfouissement; 3. Réutilisation cultuelle du gardien de reliquaire.
Erik Le Bras
Expert en arts africains, précolombiens et amérindiens
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Bibliographie
- Gabon, présence des esprits, catalogue d’exposition du Musée Dapper (20 septembre 2006 - 22 juillet 2007), Editions Dapper, Paris, 2006
- Fang, catalogue d’exposition du Musée Dapper (21 novembre 1991 - 15 avril 1992), Editions Dapper, Paris, 1991
- Perrois L., Fang, collection Visions d’Afrique, 5 Continents Editions, Milan, 2006
© Hôtel des ventes d’Alençon.