Objets de luxe depuis leur origine, recherchées des rois, princes et aristocrates dès le XVIe siècle, les œuvres d’art produites en Sicile à Trapani continuent d’être prisées des collectionneurs et amateurs d’objets d’art d’exception.
C’est à partir du début du XVIe siècle et jusqu'à la fin du XVIII siècle que la ville de Trapani développe des ateliers spécialisés dans la fabrication d’objets ornés de coraux.
Le corail, issue de la Méditerranée, se distingue par sa couleur rouge fortement nuancée pouvant aller jusqu’au rose pale.
Avant de commencer à travailler les branches de corail, l’artisan sélectionnait les morceaux selon leurs couleurs, leurs formes et leurs dimensions.
Les miroirs, crucifix, torchères, monstrances, tables et guéridons produits par les ateliers de Trapani se distinguent par l’emploi de corail soit en incrustation soit en branches. Recherché depuis l’Antiquité, le corail est péché dans la mer ligurienne et considéré comme divin et magique par les trois religions monothéistes.
Il est intéressant de noter que les coraux pouvaient être associés à des matériaux nobles tel que l’or, l’argent et le vermeil mais très fréquemment à des matières beaucoup plus courantes telles que le cuivre, le laiton, le bois doré ou encore l’émail.
Parallèlement à Trapani, un autre centre, également en Italie se développa à Naples. Celui-ci employa des artisans ayant fuient Trapani dans les années 1672-1673 après les représailles que connurent la ville suite à son insurrection.
Les objets qui nous sont parvenus révèlent une production abondante tant en quantité qu’en qualité et dès le XVIe siècle les églises et l’aristocratie se devaient de posséder des objets d’art ornés de corail.
La majorité des œuvres que l’on rencontre aujourd’hui sur le marché de l’art ont un caractère religieux et les meubles et miroirs demeurent exceptionnels. Les objets religieux se distinguent généralement par l’emploi de branches alors que la production d’art décoratif est davantage basée sur un travail « d’incrustation » même si le corail n’est pas, à proprement parlé, incrusté dans l’œuvre mais reste en relief.
Autrefois apanage des princes, les objets d’art produits à Trapani font aujourd’hui l’orgueil des collections publiques et privées et l’apparition d’une pièce produite à Trapani est toujours un évènement en salle des ventes, saluée par des enchères soutenues et un prix de vente remarquable.
Cédric Henon, expert en meubles et objets d'art anciens
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Illustrations : Art Valorem