Le mobilier américain nait avec les premiers colons. Il est alors directement sous influences. Il faut attendre le début du XXe siècle pour que l’American way of Life se précise en réponse aux grandes vagues d’immigration et à l’essor du cinéma Hollywoodien. Cependant, ce n’est qu’à partir des années 1950 que le mobilier américain devient complètement autonome.
La genèse du mobilier américain : Période coloniale et XIXe siècle.
Naissance d’un style « américain » sous influences européennes.
L’apparition du mobilier américain remonte à la période coloniale. Il y est réalisé sur commande et garde des influences européennes. Les meubles sont réalisés dans de petites échoppes ou par des artisans itinérants fraîchement émigrés d’Europe. Leur répertoire décoratif permet d’en déterminer l’époque, et la région des Etats-Unis. Les grands noms du XIXe siècle sont Duncan Phyfe, émigrant écossais ayant industrialisé la production de son mobilier, et les frères Herter, originaires de Stuttgart, dont la fabrique de textile devint la première société de décoration et d’ameublement après la guerre civile de 1861-1865.
Début XXe, coexistence de deux styles : « Mission » et « Hollywoodien ».
Le style « Mission » répond aux besoins rapides d’ameublement liés à l’explosion démographique et au développement rapide des villes. Le style « hollywoodien » est plus d’avant-garde et circonscrit à la Californie.
Au début du XXe siècle, deux styles bien distincts vont apparaître : les styles « Mission » et « Hollywoodien ». Toujours emprunts d’un héritage européen, ils vont s’adapter très vite au mode de vie américain.
Exemple de l'un des fauteuils les plus caractéristiques du Style Mission : le fauteuil Morris réalisé par Gustav Stickley. (Lot 25, Treadway galleries, 5 décembre 2004).
Le style « mission » apparaît en réponse à la très forte poussée démographique, plus de vingt millions d’immigrants entre 1870 et 1920, bouleversant elle-même l’architecture urbaine qui doit avoir recours à plus de standardisation pour permettre plus de mobilité et un développement plus rapide des villes. Ce style se débarrasse de l’influence anglo-saxonne et présente une ligne maîtrisée. Ce mobilier est plus austère, souvent massif, mais aux lignes pures et fonctionnel. Ses principaux représentants sont : L&JG Stickley, Stinckley Brothers,Charles Limbert, Charles Rohlfs, Grand Rapids Bookcase & Chair Company, The Shop of the Crafters.
Parallèlement au style « mission » existe un mobilier dit «hollywoodien ».
Table faite en hommage à Dali pour célébrer son apport artistique aux Etats-Unis. Son design est de Paul Laszlo, sa sculpture de F.F.Kern. Son piètement de forme libre en noyer supporte un plateau en plexiglas.
Né en Californie avec le cinéma, plus esthétique et luxueux, il apparaît dans les années 1920 et continue jusqu’en 1945. Il est l’œuvre de décorateurs tels Elsie de Wolfe, Billy Hanes, Tony Duquette, Samuel Marx, James Mont, Paul Laszlo.
Les années 1950 ou l’affirmation d’un mobilier américain autonome. Deux écoles : Le Design et le mobilier d’édition face à un artisanat d’art produisant des pièces de commande.
Passé ces deux premiers styles, c’est surtout à partir des années 1950 que le mobilier américain se libère de ses influences et devient autonome.
Cette affirmation d’un style propre « américain » est liée à l’explosion des innovations techniques, à l’utilisation de nouveaux matériaux et à l’intégration de nombreuses influences culturelles ; à l’image de ces jeunes créateurs américains ayant pour racines le monde entier.
Ce nouveau type de mobilier est rendu nécessaire du fait d’une architecture modernisée, répondant à une sophistication accrue des modes de vie, notamment par des intérieurs plus spacieux.
Deux écoles vont alors apparaître. La première à recours au Design et développe du mobilier pour le plus grand nombre. Il s’agit du mobilier d’édition. Celui-ci a connu un regain d’intérêt au début des années 1990 et nous est désormais très familier ; en témoigne l’énumération des noms suivants : les designers Charles & Ray Eames, Georges Nelson, Harry Bertoia, Ed Wormley, Harvey Probber; les maisons d’éditions Herman Miller ou encore Knoll.
Canapé Serpentin par Vladimir Kagan. Piétement biomorphique en chêne et tapisserie de couleur crème ivoire. Circa 1970. Courtesy Chahan Gallery.
La seconde école est l’artisanat d’art. Ses artisans contrôlent en tout point la production de leur mobilier dans leur studio. Il s’agit toujours de pièces de commandes haut de gamme, ayant recours à des matériaux nobles tels le bois, la laque, le parchemin, l’ardoise, la marqueterie de travertin fossilisé ou encore le bronze. Toute leur vie, ces artisans d’art ont cherché à repousser toujours plus loin la frontière entre mobilier et art.
Parmi les figures de proue de ce mouvement, l’on peut citer: Paul Evans, Tommi Parzinger, Karl Springer, ou encore Vladimir Kagan.
Reconnaissance du mobilier américain par le marché de l’art.
Table basse par Karl Springer. Son bâti en bois est marouflé d'un cuir laqué blanc. C. 1950. Courtesy Chahan Gallery.
Ces artistes encore méconnus du grand public suscitent néanmoins l’intérêt croissant du second marché. Les prix ne cessent de grimper sous l’impulsion d’une clientèle internationale avec pour principaux foyers l’Europe et l’Asie. Le temps où le mobilier américain était perçu comme un dérivé du mobilier européen est bien révolu. Désormais, il lui est reconnu une valeur artistique propre n’ayant pas échappé au marché de l’art ; en témoigne, l’organisation soudaine de ventes à thème et d’expositions à l’aube de l’an 2000.
Thibault d’Aubigny
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Illustration principale :
Tapis « nuages » de Edward Fields, circa 1970
Fauteuils Robbjohn-Gibbings, circa 1950
Table basse Harvey Probber, 1957
Canapé Vladimir Kagan, 1958
Lampe « Arbre » en plâtre, circa 1960
Lampadaire sculptural en céramique et bois laqué, circa 1950
Sculpture murale de Phillip Lloyd Powell, circa 1960
Courtesy Chahan Gallery