Depuis plusieurs années les recherches historiques en matière d’œuvres d’art permettent de suivre les propriétaires successifs d’une œuvre en se basant sur des catalogues d’exposition et de ventes anciens ainsi que sur des étiquettes et marques présentes sur la pièce.
Si sur le plan scientifique ces recherches sont passionnantes, ces données s’avèrent encore plus précieuses lorsqu’il s’agit d’estimer et de vendre l’objet. En effet, un certain nombre de collectionneurs portent un culte aux œuvres passées dans les mains de personnages plus ou moins illustres des siècles antérieurs. De plus, le fait de pouvoir remonter l’histoire d’un tableau, d’un meuble ou d’un objet à travers le temps semble apporter à l’amateur une seconde garantie quant à l’ancienneté, l’expertise et les qualités de l’œuvre d’art sur laquelle il a jeté son dévolu.
Par conséquent, à qualité égale, une œuvre possédant un historique prestigieux vaudra plus chère qu’une œuvre similaire sans provenance.
On peut classer les provenances apportant une plus value à un objet en deux grandes catégories :
-le commanditaire de l’œuvre : rares sont les œuvres anciennes pour lesquelles il est possible de connaitre le commanditaire. Cette traçabilité n’est possible que pour les œuvres majeures et réputées comme telles depuis leur création car ainsi il est possible de les suivre lors des ventes et des successions. Il existe une exception à cette règle, les œuvres commandées par la couronne, en effet le Garde Meuble appose une marque sur chaque meuble, siège, luminaire, bronze, pendule entrant dans les collections nationales quelque en soit l’importance et l’intérêt.
-les grands collectionneurs : l’évocation de leur nom est synonyme d’œuvres d’art et l’importance en taille et en qualité de leur collection fait aujourd’hui tourner la tête des amateurs. Le passage d’une œuvre dans une grande collection est souvent avéré sur la pièce par la présence d’étiquettes anciennes, de marques de ventes aux enchères publiques, de cachets de collection ou de factures ayant plus ou moins bien traversés l’épreuve du temps.
Il est possible d’établir un palmarès de noms offrant la plus forte plus value :
-la reine Marie Antoinette : elle est sans conteste la star incontestée des salles des ventes et la simple évocation de son nom en matière d’œuvres d’art fait grimper les prix.
-le Garde Meuble royal et celui des membres de la famille royale.
-des personnages illustres tels que Randon de Boisset, Machault d’Arnouville, le duc d’Aumont, le duc de Choiseul…
-Napoléon I.
-le Garde Meuble impérial.
-la famille Rothschild.
-Sir Richard Wallace.
-Sir Duveen.
-Kanveiler.
-Durand-Ruel.
-Wildenstein.
-Givenchy.
-Lagerfeld.
-Jacques Doucet.
Rechercher l’historique d’une œuvre d’art s’apparente à une véritable enquête policière et on notera que cette recherche est généralement plus simple pour les œuvres graphiques : tableaux ou dessins et les sculptures que pour les arts décoratifs longtemps considérés comme art mineur.
Mais, cette médaille possède également sa face cachée, en effet il est tentant de donner une provenance à chaque œuvre et ce, parfois, afin d’en garantir l’authenticité lorsqu’elle s’avère discutable. Par conséquent, les provenances fantaisistes, en particulier en matière d’art premier et archéologie, se multiplient et l’on voit des œuvres avec de fausses marques de châteaux et de faux numéros d’inventaire. La photo n’apparaissant qu’il y un peu plus d’un siècle, il est toujours tentant pour un vendeur de rapprocher une œuvre du descriptif succinct d’un catalogue ancien sans aucune rigueur scientifique.
Ainsi, une provenance « de qualité » apporte une importante plus value à une œuvre d’art mais elle ne doit jamais en justifier l’achat.
L’œuvre d’art par ses qualités intrinsèques doit se suffire à elle-même et la provenance, lorsqu’elle est prouvée, n’est qu’un plus.
Coffre de voyage, par J.H. Riesener, circa 1785, réalisé pour la reine Marie Antoinette, musée des châteaux de Versailles et Trianon.
Ce coffre de voyage passa en vente aux enchères publiques le 13 décembre 2005 chez Artcurial, le catalogue mentionne pour provenance un cadeau de la duchesse d’Angoulême selon une tradition familiale. Il y est estimé 120 000 à 150 000 €.
L’exposition préalable à la vente révéla la présence de la marque au feu du garde meuble privé de la reine Marie Antoinette. Cette marque mis le feu aux enchères et le coffre fut adjugé 413 687 € et préempté par le musé des châteaux de Versailles et Trianon.
Cédric Henon
Expert en meubles et objets d'art des XVII, XVIII et XIXème siècles
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