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Actualités

Enquête sur un fauteuil.


Rubrique Meubles et objets d'art

Lors d’une visite de salles des ventes ce week-end, nos experts londoniens se sont attardés sur un fauteuil. Son expertise se révéla une véritable enquête policière nécessitant une analyse tant stylistique que technique. Il est important de rappeler qu’en matière d’expertise, l’analyse scientifique, la radiographie par exemple, reste exceptionnelle car généralement irréalisable dans un contexte normal.

Avant d’analyser l’œuvre, décrivons notre siège aussi précisément que possible :

Fauteuil en cabriolet, garni à châssis, en bois doré, mouluré et sculpté. Le dossier de forme ovale, dit médaillon, présente un important bouquet de fleurs nouées en partie haute et un léger branchage sur le petit dossier. Une sculpture de perles simulant des clous encadre le châssis. Les attaches dossier ceinture présentent de fortes feuilles d’eau. Les accotoirs sont fortement évasés et les nez sont sculptés de piastres. On notera le feuillage sur les profils intérieur et extérieur des nez. Les consoles d’accotoirs présentent également un décor de piastres, on notera leur forme échancrée. La ceinture présente en façade un décor de branchages feuillagés liés en son centre. L’assise est sculptée de perles encadrant le châssis et simulant les clous de garniture. Il repose sur quatre pieds fuselés et cannelés dont les bouts de pieds sont feuillagés. En partie haute, une bague présente un décor de godrons et flèches. Les dés de raccordements présentent une rosace tournante rapportée.

Au premier abord, au regard de sa sculpture et de sa forme on pourrait dater ce fauteuil de la fin de l’époque Louis XV ou du début de la période Louis XVI c'est-à-dire vers 1775.
En effet ses pieds fuselés et cannelés, la forme médaillon du dossier et les formes droites de l’ensemble sont caractéristiques du style Louis XVI alors que la forme des accotoirs et la prédominance d’une sculpture néoclassique sont plus typiques des sièges crées à la fin du règne de Louis XV marqués par le néoclassicisme.

De plus, il faut souligner le caractère rare du modèle étudié en effet les sièges à châssis sont peu courant mais lorsqu’ils sont en cabriolet on peut les qualifier de rareté. Rappelons qu’un fauteuil à châssis est un siège dont la garniture est amovible. Elle est montée sur un cadre qui était changé selon la saison ; une garniture d’hiver et une d’été.

Avant de retourner notre siège pour en étudier la ceinture attachons nous à l’étude des parties visibles.





Les traverses hautes et basses du dossier sont chevillées quatre fois chacune et le montage du dossier se fait de manière verticale. Les accotoirs sont chevillés dans le dossier.
Ces premiers éléments semblent positifs quand à la datation de notre fauteuil cabriolet.





Un détail reste perturbant : le rond du dossier particulièrement prononcé, fort inhabituel. Ce point, à lui seul, ne saurait cependant suffire à conclure dans un sens ou dans l’autre. On notera également le feuillage sur les profils des nez d’accotoirs éléments que l’on trouve sur des sièges de Georges Jacob pour le garde meuble royal dans les années 1785.

Les pieds soulèvent également plusieurs questions :

-la bague en partie haute sculptée de godrons et flèches est particulièrement inhabituelle.
-la moulure encadrant chaque cannelure semble surprenante.
-la profondeur des cannelures, peu profondes, au regard de la date retenue initialement.





Peut-être sommes-nous en présence d’une œuvre étrangère ?

Il faut souligner que notre siège est redoré ce qui rend « sa lecture » plus difficile en modifiant le rendu des proportions.

Il est temps de retourner notre siège pour en étudier le montage des traverses de la ceinture et les traces d’outils que le sciage manuel du bois par le maître menuisier y imprima. Ces deux points sont parmi les plus importants dans l’expertise d’un siège mais ils ne sauraient suffire à eux seuls.

Le premier élément visible est la couleur jaune de nos traverses. On peut expliquer ce point par le fait que notre siège soit doré. Ainsi, le maître doreur badigeonne les ceintures de jaune pour ne pas laisser de marque de doigt sur l’intérieur des ceintures. Chaque traverse est chevillée dans chaque pieds à deux reprises ainsi chaque carré de pied présente deux chevilles par face et chaque traverse présente deux mortaises portant chacune deux trous destinés aux chevilles.
Les pieds avant ainsi que les consoles d’accotoirs ne forment qu’un, il en est de même en partie arrière pour les pieds et les montants du dossier.
Ces éléments viennent confirmer notre première datation.





L’étude des traces de sciage est probablement l’élément le plus révélateur de notre enquête. Le badigeon jaune les cache quelque peu mais l’usage d’une lumière rasante nous permet de nous en faire une idée plus précise.
Le premier détail qui frappe est l’aspect presque droit des traces de scie. Ces traces devraient être obliques ce qui s’explique par l’aspect manuel de la coupe.
En effet si au XVIIIème siècle la découpe du bois se fait manuellement, à partir du début du XIXème siècle et plus exactement vers 1830 le développement de l’industrialisation a pour conséquence que le bois est coupé mécaniquement.

En outre les marques de notre outil semblent particulièrement symétriques et parallèles ce qui ne peut avoir que deux explications :

-un grand maître menuisier : chez certains maîtres tels que Tilliard ou Foliot les traces ont un aspect presque mécanique.
-un sciage mécanique que le badigeon jaune cache en partie.





Notre étude touche à sa fin et il est maintenant important de tirer une conclusion des différentes remarques que nous avons soulevées :

-le montage de l’ensemble est conforme à ce qui était en vigueur à la fin du XVIIIème siècle.
-le décor sculpté est de qualité ce qui correspond à ce que l’on attend d’un fauteuil à châssis.

Cependant :

-les cannelures ne sont pas profondes.
-plusieurs éléments du décor laissent perplexes.
-la forme du médaillon est inhabituelle.
-les traces de scie ne sont guère convaincantes.
-le badigeonnage des traverses de la ceinture que ne justifie pas la redorure. Il est intéressant de noter que cette dorure ne vient pas en remplacement d’une dorure précédente en effet les parties usées ne laissent pas apparaître de trace de blanc de Meudon et d’assiette colorée sur lequel les feuilles d’or étaient posées.

Au regard de l’ensemble de ces éléments une conclusion s’impose : notre siège doit être daté des années 1830, période à partir de laquelle les arts décoratifs reprennent les créations antérieurs parfois en les copiant parfois en les interprétant et en les pastichant.
On soulignera que, à cette époque, les techniques de montage ont évoluées depuis les années 1775 mais qu’un certain nombre de maîtres ont été formés dans les années précédant la Révolution française et continuent de travailler dans cette tradition.

Cédric Henon
Expert en meubles et objets d'art des XVII, XVIII et XIXème siècles

Les experts conseil en oeuvres d'art d'Authenticité sont à votre disposition pour l' Estimation en ligne et l' Expertise de vos objets d'art. Ils vous conseillent et vous accompagnent dans l'achat et la vente de vos œuvres d'art : Conseil.

Vente Lots Road Auction, Londres, le 19 octobre 2008, lot 483, vendu £350.