Lorsqu’au cours du XVIIIème siècle, le sucre remplace définitivement le miel sur nos tables, un nouveau type de cuiller fait son apparition.

Cousine éloignée de la cuiller dite à olives, la cuiller à sucre est aujourd’hui devenue un « must » pour les collectionneurs d’orfèvrerie et d’argenterie.
Témoin d’un nouvel art de recevoir « à la française », elle a plus d’un tour dans son cuilleron…

C’est en 1735-1740 qu’elle apparaît pour la première fois en France. Egalement appelée cuiller à saupoudrer, elle est destinée à servir le sucre de canne nouvellement importé des plantations d’Amérique.
Utilisée pour sucrer les fruits de saison et les boissons exotiques telles que le chocolat et le café, elle est d’abord réservée à une élite.
Faite d’argent ou de vermeil, elle est réalisée sur commande par un maître orfèvre spécialisé.

Objet rempli de charme et de féminité, la cuiller à sucre est un exemple rare dans l’histoire des arts décoratifs : c’est en effet en Province et non à Paris que seront crées les modèles les plus originaux. Les principales villes de production sont : Lille, Besançon, Rennes, Nantes, Angers, Toulouse, Aix, Nantes, Metz et Perpignan...



Son réceptacle ou cuilleron est généralement de forme arrondie ou en coquille allongée.
Sa particularité est d’être « percée à jours », c'est-à-dire percée de petits trous décoratifs et forts utiles. Pour les réaliser, l’orfèvre doit savoir manier avec dextérité une scie très fine appelée « scie à repercer ». Une fois dessiné, chaque motif est découpé manuellement l’un après l’autre. Plus ce « repercé » sera précis, plus son motif sera original, plus la cuiller aura de valeur.



D’inspiration naturaliste et végétaliste, le motif en repercé au centre du cuilleron est souvent constitué de fleurs stylisées. En regardant de plus près les cuillers réalisées au XVIIIème siècle, nous pouvons découvrir que les fleurs « à la mode » à l’époque de Madame de Pompadour étaient la tulipe, la marguerite et l’œillet.

Il faut attendre la seconde moitié du XIXème siècle pour voir l’usage de la cuiller à sucre se généraliser. C’est à cette époque que sont produits une grande partie des pièces en métal argenté d’inspiration Louis XV et Louis XVI que nous connaissons aujourd’hui. La qualité du repercé est ici parfois élémentaire, tout est histoire de savoir-faire.

Les objets civils domestiques comme la cuiller, sont les témoins intimes de notre quotidien. Lorsque l’on prend le temps de les regarder attentivement, on est souvent étonné d’y découvrir un détail qui nous avait échappé. C’est ce détail qui fait sa particularité. Chaque objet porte en lui la marque de son créateur, de son époque et aussi de l’évolution des goûts ou plutôt, du Goût.

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