Over the past ten years, a new trend emerged in the art market, that focus on research and provenance.
Le business parfois un peu anarchique des années 80 n’a plus la côte, les acheteurs ont besoin d’être rassurés après les nombreuses affaires qui ont entaché le marché de l’art et sa réputation.
Un prix justifié...
Le collectionneur, soucieux de mieux appréhender son patrimoine et le valoriser, est de plus en plus curieux de connaitre la provenance et l’histoire du meuble ou de l’objet qu’il souhaite acquérir ou qu’il possède déjà. Quel plaisir il éprouve à raconter à son entourage la petite histoire parfois mêlée à la Grande de ses possessions !! Le marchand pourra, quant à lui justifier un prix parfois considéré comme élevé et générer ainsi de plus grandes plus-values. L’argumentation irréfutable apportée par la recherche ne peut se discuter et rend le prix plus compréhensible.
Pour illustrer notre propos, prenons l’exemple de la commode royale d’époque Louis XV portant l’estampille de Gilles Joubert, vendue chez Christie’s Paris le 25 juin 2008 :
Commode en placage de bois de rose, ornementation de bronze ciselé et doré, ouvrant par deux tiroirs, reposant sur des pieds galbés. Hauteur : 89 cm, Largeur : 113 cm, Profondeur : 61 cm.
Marques inventaires 3319 présentes à l'arrière du meuble et sous son marbre.
Une recherche organisée...
Cette commode, portant par deux fois l’estampille de Joubert et numérotée sous le marbre et à l’arrière Du No.3319, a fait l’objet de recherches poussées qui ont pu être reproduites au catalogue de la vente : En effet, tous les ouvrages de référence ont été consultés dans les bibliothèques de Paris, en particulier l’ouvrage de Pierre Verlet, Le Mobilier royal Français (vol. 2, Paris, 1992, pp. 76-79).
Cet ouvrage a permis d’affirmer que cette commode est identique (à de menus détails de bronze doré près) à celle étudiée par Pierre Verlet aux pages citées ci-dessus, et qu’elle a fait partie d’une livraison de trois commodes en bois de rose par Riesener en 1783 pour Monsieur de Crécy, garde général des meubles de la Couronne (cette commode était en possession de Riesener depuis son rachat à Gilles Joubert en novembre 1775).
Les recherches se sont ensuite poursuivies aux Archives Nationales dans le registre du garde meuble de la Couronne où la livraison de la commode est attestée grâce à son numéro d’inventaire :
Du 11 février 1783, « Livré par le S. Riesener pour servir chez M. de Crécy. 3319 - Trois commodes en bois de rose à marbre de 3 pieds ½ et de 4 pieds ».
Toujours grâce au numéro d’inventaire, il a été possible de prouver que cette commode avait été à l’origine envoyée au château de Saint Hubert, puis réexpédiée en 1784 à Versailles pour meubler les appartements des seigneurs de la suite du roi de Suède, Gustave III, alors en visite en France :
Une provenance garantie
Les documents fournis pour cette recherche sont une preuve irréfutable et rendent l’origine et la provenance du bien incontestables. Chacune des deux parties peut être satisfaite : l’acquéreur a une connaissance totale de l’histoire de son bien et pourra se targuer de l’illustre provenance de sa commode. Quant à Christie’s, en présentant dans les pages de son catalogue de vente la reproduction d’un extrait d’archive du garde-meuble, elle a considérablement valorisé sa vente et a permis un prix conséquent.
Sans cette recherche préalable, il aurait été plus difficile de justifier le prix d’estimation (150 à 250 000 €) ainsi que le prix d’adjudication de plus du double de l’estimation basse (330 000 € hors frais).
Cela a permis à la maison de vente de ne pas connaitre la mésaventure que nombre de professionnels ont pu rencontrer dans leur carrière : à savoir, négliger la recherche sur une œuvre et avoir la mauvaise surprise d’apprendre que le bien qu’ils vendaient sans attribution en reçoit une après coup et voit son prix quadrupler. Une simple investigation aurait suffit à éviter cette malheureuse expérience.
La recherche documentaire établit un rapport de confiance entre professionnel et collectionneur, chacun ayant pleinement connaissance des atouts du bien et de son prix et ce, avec certitude.
Toutefois la personne qui souhaite lancer des recherches doit aussi être consciente qu’il n’y a pas non plus de miracles et qu’une pendule quelconque ne se transformera pas par magie en « pendule de Marie-Antoinette à Saint-Cloud ».
Marie Lenoir-Rousseaux et Juliette Mamczyk
Illustration principale :
Commode marquetée en feuilles et bois de bout et bois de violette, bois fruitier, ivoire et os. Garniture de bronzes dorés. Seconde partie du XVIIIème siècle. Hauteur : 99 cm, largeur : 131 cm, profondeur : 62 cm. Vendue le 1er juillet 2005 à Drouot.
Décrite dans le catalogue sans attribution et assortie d’une estimation de 25 000 à 30 000 €, elle a finalement été vendue comme attribuée à Pietro Piffetti, un des plus importants ébénistes italiens du XVIIIème siècle (1700-1777). L’estimation a finalement pu être rectifiée et la commode a atteint 295 000 € hors frais.
Une déconvenue a donc été évitée grâce à une « recherche d’antériorité », c’est-à-dire une recherche sur le prix de vente d’un bien similaire obtenu dans une vente passée. En l’occurrence, une commode de Piffetti figurait dans les collections du marquis de Bath au château de Longleat, dispersées le 13 et 14 juin 2002 (Christie’s Londres). Cette dernière atteignait 332 420 € frais compris.
A propos de Marie Lenoir-Rousseaux et Juliette Mamczyk :
Fondatrices d'Art Investigations, elles sont spécialisées dans la recherche documentaire et collaborent avec le cabinet d'expertise Authenticité dans ses différentes missions de conseil. Pour en savoir plus : http://www.art-investigations.fr
Feel free to contact our fine art specialists if you want to appraise your works of art. We also assist you in the selling of your works of art : consultancy.